La France, première destination naturiste au monde ? Dans la Drôme, le naturisme se vit autrement avec l’association des Marcheurs nus du Val de Roanne : en liberté dans la nature !
Cet article est paru initialement dans le journal d’information local Lebec.info en 2020, reconnu comme titre de presse la même année. Après mon départ de la rédaction, le site est devenu un média participatif, sans journaliste, autour de la question “sortir du patriarcat”
Si la tendance pour ces vacances est le retour aux choses simples, en voilà une manière de le faire : marcher nu en pleine nature. Un concept développé par l’association des Marcheurs nus du Val de Roanne depuis 2012.
« Je n’aime pas être parqué dans un espace clos », sourit Bernard Dato-Actis, bâtons de randonnée à la main. Le président de l’association, originaire de Montlaur-en-Diois, pratique le naturisme depuis son plus jeune âge. Il ne voit pas l’intérêt de « faire la crêpe sur une plage de nudistes ». Lui ce qu’il aime, c’est marcher nu. La nature drômoise s’y prête bien. Ses montagnes permettent aux randonneurs en tenue d’Adam et Ève d’arpenter les sentiers sans trop attirer l’attention.
Au fil des années, Bernard a créé un véritable réseau. En professionnalisant l’organisation de ses randonnées, il a su faire accepter les sorties de l’association auprès des autorités locales du Diois.
Les adhérents n’hésitent pas à faire plusieurs heures de routes pour participer aux sorties en pleine nature, en moyenne montagne ou le long de cours d’eau. Le jour de notre venue, certains randonneurs venaient de Chambéry (Savoie), Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence) ou encore de Grenoble (Isère), ravis à l’idée de se promener le long du ruisseau de la Roanne.
Au total, cinq départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes étaient représentés. Preuve que Bernard est loin d’être le seul à ne pas limiter sa pratique du nudisme à la fréquentation des campings et plages réservés à cet effet.
Parmi les randonneurs rencontrés, certains pratiquent le naturisme depuis leur adolescence, d’autres s’y sont mis à l’approche de la retraite. Tous évoquent ce sentiment de liberté dont ils ne peuvent plus se passer. Originaires de milieux sociaux et géographiques très différents, les randonneurs – que rien ne prédestinait au départ à se rencontrer – se retrouvent autour de la randonnée nue.
L’association drômoise des Marcheurs nus du Val de Roanne se veut ouverte. Contrairement aux campings naturistes, les « textiles », comme ils les surnomment, sont les bienvenus. Au départ, il s’agit pour ces marcheurs d’être mieux acceptés quand ils croisent des personnes sur leur chemin. « Nous sommes moins perçus comme des “pervers” quand nous sommes accompagnés de personnes habillées », explique Bernard, le fondateur de l’association qui regrette qu’autant de préjugés circulent à propos du naturisme. En ouvrant ses randonnées aux personnes habillées, il espère aussi que certains seront tentés par l’expérience.
« Il n’y a pas de honte à ne pas avoir un corps parfait. La richesse pour nous, c’est la diversité », explique Bernard, à propos de la philosophie de son association.« L’atmosphère est bienveillante. Je ne la retrouve pas autant dans les randonnées dites « textiles ». Nous, on va plus loin que l’apparence, on va chercher l’âme des gens. »
Avec le temps, les Marcheurs nus, c’est surtout une bande de copains amoureux de la nature. Ils n’arpentent pas seulement les vallées de la Drôme, ils s’aventurent également dans les montagnes, même en hiver. Peu importe le climat, la marche nue est pour eux un véritable mode de vie.
Même si le naturisme est pour les marcheurs nus source de bonheur, beaucoup préfèrent ne pas dévoiler leur pratique au grand jour. « Pour éviter que mes filles scolarisées ne soient importunées », « pour éviter d’être stigmatisés…» C’est par respect pour eux que les noms des participants n’ont pas été dévoilés.